Africa Design School : de projet éducatif à objet sociétal ?

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Nous affirmons que nous formons des designers africains pour l’Afrique et le monde, des designers africains dans un monde global.

Pensé en 2017, ce projet a été co-construit avec Sèmè City avec en perspective la création d’une cité internationale de l’innovation et du savoir. Il a pris la forme d’une association sans but lucratif.


Mis en œuvre pour la rentrée Universitaire de 2019, 16 étudiants et étudiantes en design Numérique ont rejoint l’établissement la première année, dont finalement 14 ont été diplômés après 3 ans, d’un diplôme conférant au grade de licence, le Diplôme National des Métiers d’Arts et du DEsign (DN MADE), diplôme français reconnu internationalement.



Entre temps, les filières Graphisme et Espace ont été créées, avec succès : la dernière rentrée a vu les effectifs progresser de 40 % par rapport à la précédente. Africa Design School compte près de 150 étudiants au global dont 50 % de jeunes femmes.


Cette situation nous oblige. Aussi, nous avons élargi et renforcé notre Conseil d’Administration avec des acteurs de la transformation du continent, en vue de nous accompagner dans ce projet qui se métamorphose en objet sociétal.


L’établissement est en passe d’atteindre la « masse critique » : une école de design devient pérenne en Afrique de l’Ouest, au Bénin, à Cotonou ;


Ses équipes, ses intervenants, ses étudiants et étudiantes bénéficient d’une reconnaissance sensible : plus 90 partenaires participent à la pédagogie, recrutent des stagiaires, des étudiants en alternance ; ils contribuent à la qualité de la formation, puisque les étudiants ne traitent pas des cas d’école mais des cas d’entreprises, d’administrations, d’associations qui nous interrogent sur leur identité, leurs produits, leurs services, et parfois leur modèle et leur organisation ; entre autres qualités, cette approche professionnelle contribue à ce que les étudiants soient opérationnels dès leur diplôme en poche.


Au-delà de ces acteurs, les étudiants de l’école ont reçu la visite des trois Présidents de la République Béninoise, Française et Rwandaise ; en regard, pour l’École de design Nantes Atlantique, grande sœur, ainée de près de 30 ans, la visite du Président Talon a Nantes est restée une première ; mais au-delà de ces attentions extrêmement gratifiantes, nous recevons des paroles très fortes d’autres visiteurs tout aussi enthousiasmants.


Dans l’attente de l’ouverture du Cycle Master à Cotonou, nous avons facilité l’intégration des premiers diplômés d’Africa Design School au sein de son école-sœur, L’École de design Nantes Atlantique : les messages des Responsables Pédagogiques qui les accueillent dans leurs groupes sont à l’unisson : à l’excellent niveau s’ajoutent le dynamisme et l’interculturalité ; ces marqueurs renforcent encore le sens du projet et l’engagement des équipes d’Africa Design School.


Et puis, aujourd’hui, on assiste à un renversement de paradigme :


Nous avons créé une école béninoise pour former des designers africains pour l’Afrique ; ils seront près de 210 à la rentrée, c’est exceptionnel ;


Mais nous allons bientôt accueillir 15 étudiants de plus, français, qui font le choix d’achever leurs études par deux années de Master au sein d’Africa Design School : le projet Africa Design School, mené par Sèmè City et L’École de design Nantes Atlantique a permis qu’il devienne naturel pour des étudiants européens de suivre leur Master en Afrique.


L’avenir :


Les filières actuelles – Numérique, Graphisme, Espace – couvrent des champs du design essentiels pour l’Afrique. Les futurs développements répondront à deux nouveaux axes et au renforcement d’un troisième.


D’abord, la déclinaison des filières en langue anglaise pour permettre à tous les pays Africains de rejoindre le programme ; il faudra que nous soyons prêts pour l’arrivée sur le campus de Ouidah, le creuset de la cité internationale de l’innovation et du savoir, à l’horizon 2025/2026.


Dès avant, l’ancrage du Made In Africa sera consacré, avec une nouvelle filière, en design d’objets : il semble que l’histoire a obéré les opportunités que présente le continent ; en quoi ces opportunités seraient elles différentes de celles qui ont été saisies par exemple en Asie ? L’Afrique est aujourd’hui en capacité de produire, évidemment, et aussi en masse, on le voit avec Glo Djibe et la Gdiz : ce n’est plus une question, la preuve a été faite. Le tissu actuel, l’artisanat, les ressources naturelles, les matériaux responsables qu’il convient d’identifier et de rendre désirables sont d’ores et déjà disponibles pour développer cette filière.


Au-delà de ce propos – nous réassurant sur la nécessité d’une filière design d’objets – nous avons conscience que l’Afrique est d’évidence en capacité de concevoir ; prenons l’exemple de l’objet qui révolutionne le monde : si le smartphone est aujourd’hui conçu en Californie pour être produit en Chine, il n’y a aujourd’hui pas d’obstacle à ce que l’Afrique s’approprie ces champs de développement ;

Une fois en confiance, si les acteurs économiques, politiques, s’approprient les nouveaux paradigmes environnementaux, alors l’Afrique devient en capacité de concevoir une croissance originale, veillant à ne pas reproduire les excès des autres modèles, au bénéfice de tous : nouvelles modalités, terreau d’innovation intéressant peut-être le monde entier ; là encore, on assisterait à un renversement ; il y a 5 ans, c’était une idée séduisante, quasi-romantique ; aujourd’hui, cela parait être le sens de l’histoire ;


La question du poids de l’Histoire est essentielle : si la culture peut opportunément constituer un facteur de développement additionnel pour – par exemple – le tourisme, elle s’adresse avant tout à chaque africain. On l’observe au travers des sujets que choisissent de traiter les étudiants : l’essentiel des projets est lié au développement économique, aux banques, au commerce, au marketing, aux télécommunications ; pour autant, près d’un tiers est consacré à la révélation du trésor culturel : rythmes africains, dialectes, tresses, croyances, retours des œuvres, tontines, food-culture ; ils suscitent de surcroît l’intérêt des publics. Cette convergence, qui unit les jeunes et leurs aînés souligne l’envie légitime d’un peuple de capturer, de cristalliser, de faire vivre les codes qui ont construit l’Afrique. Là encore, le design, dont un des engrenages est la médiation, sert le dessein d’un continent qui revendique sa culture. Quoi de plus naturel : comment une nation qui n’aurait pas de passé saurait-elle construire un avenir ?


Aux fins de consolider cet avenir, il est nécessaire de donner l’opportunité aux étudiants – dont la valeur des projets de fin d’études séduit les acteurs de l’industrie, de l’alimentaire, du digital, des Industries Culturelles et Créatives, de la finance… – de franchir le cap de l’entreprenariat ; le parcours des étudiants, pour autant qu’il est professionnalisant, le sera davantage ; nous lançons à cet effet l’Innovation Design Factory by Africa Design School, incubateur, plateforme d’accompagnement des étudiants et diplômés dans leurs premiers pas, et de formation continue aux outils de l’innovation. L’Innovative Solutions Day, a permis de faire une première revue 360° des projets des étudiants.

 

 

Jean Francois Ancel DGA Africa Design School